d'après Gian Lorenzo BERNINI, gravé par
François SPIERRE
( Nancy, 1639 - Marseille, 1681 )
La Multiplication des pains
vers 1677
Burin
315 x 225 mm
Bibliographie
:Bibliographie : Maria Grazia Bernardini et Maurizio Fagiolo dell’Arco, Gian Lorenzo Bernini, Regista del Barocco, Milano 1999, p.416, n.188
Le jésuite Giovanni Paolo Oliva (Gènes, 1600-Rome, 1681), célèbre prédicateur fut nommé général de la Compagnie de Jésus en 1661. Il fut l’ami intime de Bernin dont il loua les créations et adapta les conceptions baroques aux besoins de la compagnie de Jésus. Le Père Oliva choisit une composition du maître pour illustrer le frontispice de l’ouvrage qu’il publia en 1677 sur la Genèse. François Spierre, l’un des meilleurs graveurs de l’époque, fut chargé d’un tirer une estampe. La collaboration entre les deux personnages ne se limita pas à cela car c’est aussi au Bernin que le Père Oliva demanda conseil lorsqu’il décida de rénover l’église du Gesù, c’est ainsi que le grand architecte réussit à imposer le nom de Gaulli (génois comme le Père Oliva), évinçant alors Ferri, Maratti et Brandi pourtant pressentis pour ce chantier. Le Gabinetto Nazionale delle Stampe (Fond Corsini, inv. 127484)[1] conserve plusieurs dessins de Bernin reliés à cette gravure, réalisés à pierre noire dans un style à la fois très libre et dynamique. La composition de l’image est très forte et typiquement baroque, constituée des courbes et contre-courbes des personnages drapés, dans des attitudes contorsionnées, soumises et inquiètes, portant des paniers vides et venant demander au Christ comment nourrir la foule immense qui s’étend à l’arrière-plan. La réponse aux questions des apôtres se trouve dans le geste du Christ pointant son doigt en contre-jour vers la foule, geste qui forme le centre de la composition, et dans l’inscription gravée sur le rocher « Colligite fragmenta ne pereant » (Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde).[2]
[1] Ann Sutherland Harris, Selected drawings of Gian Lorenzo Bernini, Dover Publications, Inc. New York 1977, n°97
[2] Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean, chapitre 6, versets 5 à 14